jeudi 27 mars 2014

Bernache du Canada – Branta Canadensis.

Ordres des Ansériformes.
Famille des Anatidés.

Nom usuel ou vernaculaire : Bernache du Canada en Europe, outarde ou oie sauvage au Québec.


La bernache du Canada dans toute sa splendeur - Photo : Erdan
Observations et petite synthèse de la littérature existante.
Espèce d'oie originaire d'Amérique du Nord introduite en Europe à ne pas confondre avec la Bernache nonnette à la taille nettement plus petite, au dessin blanc différent sur la tête, au dessus gris foncé et au dessous blanchâtre. Parmi les bernaches, la Canada est la plus grosse espèce représentée en Europe. Elle mesure environ 1 mètre, présente un corps gris-brun et une gorge et des joues blanches. Le bec et les pattes sont noires. C'est une espèce d'oiseau aquatique introduite en Angleterre dès le XVIIème siècle comme oiseau d'agrément. C'est ensuite à des fins cynégétiques que s'est poursuivie son introduction à travers toute la Grande-Bretagne, puis dans de nombreux pays d'Europe tout au long du XXème siècle.
Haute Meuse dinantaise - Couple de bernaches du Canada - Photo : Erdan
Habitat et migration.

Les zones humides constituent les habitats de cette bernache d'origine allochtone. La bernache du Canada vit dans les zones herbeuses, les paysages variés et la toundra arctique. En période hivernale, elle se mêle à des troupes d'autres bernaches comme la bernache nonnette. Une partie de la population scandinave est migratrice. Les aires d'hivernage sont situées en Allemagne, en Pologne et au Danemark.

Les populations nicheuses françaises se situent surtout dans le Nord de la France. Elles sont également très abondantes en Belgique où on peut régulièrement les observer dans les prairies et le long des cours d'eau bien dégagés. Beaucoup d'individus se sont sédentarisés. Lors de la migration, la bernache du Canada vole en grands groupes en forme de V, ou diagonalement, mais en ligne droite. Elle est généralement bruyante en vol. 

Régime alimentaire.

Le régime de la bernache du Canada est végétarien : elle se nourrit principalement d'une grande variété d'herbes, de plantes aquatiques, de laiches, de graines de céréales, de graminées et de baies. A l'instar de ses cousins les canards, la bernache du Canada appartient à l'espèce des oiseaux dits «barboteurs». On peut, en effet, fréquemment les observer le croupion à l'air et la tête sous l'eau en quête de nourriture.

Chant.

La bernache du Canada est très bruyante, spécialement en vol. Elle peut émettre au moins une dizaine de cris différents.




Nidification et reproduction.

Les bernaches du Canada se trouvent un compagnon ou une compagne (pour s’accoupler) au cours de la deuxième année de sa vie.

Elles construisent souvent leur nid sur le sol, près de l'eau, de préférence sur un îlot (exemple : l'île de Moniat dans la Haute Meuse dinantaise). Il est fait d'une couche plus ou moins épaisse de brindilles et d'autres matières végétales trouvées dans les environs et il est aussi tapissé de duvet. La couvée compte habituellement de cinq à sept œufs, les oiseaux plus âgés ont une couvée plus importante que ceux qui pondent pour la première fois.

La femelle couve ses œufs de 25 à 28 jours, tandis que son compagnon assure la garde à proximité. Parfois, le mâle se tient à plusieurs centaines de mètres du nid, mais il est toujours vigilant et retourne au nid dès que celui-ci est menacé ou si la femelle doit s’en éloigner. Pendant la période de couvaison, la femelle ne quitte le nid chaque jour que pendant de brefs moments, pour aller se nourrir, boire et se laver.

Peu de temps après l’éclosion des œufs, les familles quittent leur nid et parcourent parfois plusieurs kilomètres en quelques jours en marchant pour atteindre leur site d’élevage des couvées. Dès qu’ils quittent le nid, les oisons se nourrissent de graminée et de carex (plantes croissant dans les lieux humides) dans les prés et le long des rivages. Six à neuf semaines après l’éclosion, selon les cas, les oiseaux seront prêts à s’envoler en famille. À ce moment-là, il n'y aura environ que la moitié des oisons qui auront survécu. Un couple de bernaches restera ensemble pour la vie. Cependant, contrairement à la croyance populaire, si un des partenaires est tué, il est possible que l’autre se trouve un nouveau compagnon. En automne, les oiseaux juvéniles volent avec leurs parents et ne s'en séparent qu'à leur retour dans la zone de nidification, le printemps suivant.

Dangers et menaces auxquels est soumise la bernache du Canada : 

«Branta canadensis» est la bernache la plus abondante au monde. Les populations férales (*) européennes proviennent de l'introduction à titre esthétique en Grand-Bretagne au XVIIIe siècle et cynégétique en Suède dans la première moitié du XXème siècle. Il n'y a pas de menaces particulières sur l'espèce qui est en expansion sur le continent.

Plusieurs animaux font des œufs et des jeunes bernaches leurs proies. Dans le Grand Nord, le principal prédateur est le renard arctique. Il peut voler tous les œufs de plusieurs nids et les cacher pour les manger en période de disette. Les mouettes et les goélands, les labbes, les renards roux, les corbeaux et parfois les ours sont aussi des prédateurs. La bernache du Canada produit des sons en ê-haouc.


Haute Meuse dinantaise - Bernaches du Canada à la parade - Photo : Erdan
Le revers de la médaille ou le moins bon côté des choses....

Espèces férales - petit rappel.

On désigne sous le nom d'espèces férales, des espèces animales étrangères qui, après s'être échappées des parcs ou des cages par lesquels elles avaient été introduites, se sont acclimatées et se reproduisent sur leur nouveau territoire. Pour les oiseaux on peut citer la Bernache du Canada et la Bernache nonnette, l'érismature rousse.... La présence de ces espèces pose rapidement divers problèmes, le plus souvent parce que ces espèces entrent en compétition pour des niches occupées dans un premier temps par des espèces indigènes. En Scandinavie, par exemple, la bernache du Canada pose problème au regard des oies cendrées. Quelques fois, l'éradication de certaines espèces est décidée, compte tenu des conséquences importantes sur les écosystèmes et les biotopes des espèces locales.

Citons, outre la bernache du Canada, quelques-unes des espèces férales d'oiseaux parmi les plus communément signalées : la Bernache nonnette originaire des régions de l'Arctique et l'érismature rousse, canard originaire de l'Ouest canadien et considéré comme invasif en Grande-Bretagne.


Espèce migratrice au sein de son aire d'origine, l'Amérique du Nord, la bernache du Canada est plutôt sédentaire en Europe. Sa longévité (jusque 24 ans), la très bonne réussite de sa reproduction, sa grande adaptabilité, la présence de biotopes favorables à son développement, ont contribué au succès de son implantation. À l'heure actuelle, sa population européenne est estimée à environ 160.000 individus dont environ 50 % en Grande-Bretagne. Sa reproduction est effective dans dix-sept pays (B, NL, L, F, D, IT, DK...) et sa population est en augmentation.



Sa présence a de nombreuses conséquences néfastes pour l'homme : pollution des eaux de baignade, réduction des productions fourragères, dégradation des prairies ou des espaces verts, transmission potentielle de maladies à l'homme, sécurité aérienne ou encore impact sur la flore et les autres espèces d'oiseaux (compétition avec les espèces autochtones, hybridations).


Le 15 janvier 2009, un vol de bernaches du Canada aurait heurté le vol 1549 de la compagnie US Airways, le contraignant à amerrir sur le fleuve Hudson sans, heureusement que l'on ait à déplorer de victimes. Ces oiseaux ont un poids situé entre 2,6 et 4,8 kilogrammes. Or les réacteurs de cet avion avaient été construits de manière à pouvoir résister à un choc direct avec un oiseau d'un poids maximal de 1,8 kilogramme.

Hudson River - 15 janvier 2009 
Dans les associations internationales comme l'EAWA (Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie), elle figure en deuxième position dans la liste des espèces ayant le plus d'impacts sur le fonctionnement des écosystèmes en Europe, et pour le programme DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe) elle appartient à l'une des cent espèces (dans l'ensemble des espèces animales, végétales ou fongiques) réputées les plus préoccupantes d'un point de vue environnemental, sanitaire, social et économique en Europe.

Des campagnes de régulation et d'éradication ont été réalisées ces dernières années dans divers pays européens. En France, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), les Fédérations départementales des chasseurs (FDC) et la Fédération nationale des chasseurs (FNC) s'impliquent depuis 2008 dans le suivi des espèces allochtones invasives et ont réalisé une enquête sur la population des Bernaches du Canada sur l'ensemble du territoire français. Des actions de régulation ont été entreprises dans certaines régions. L'article conclut que pour avoir un impact efficace sur la bernache, il est nécessaire d'avoir une approche stratégique globale, portant à la fois sur la maîtrise de la dispersion des populations et sur l'éradication des noyaux reproducteurs. L'article préconise un choix adapté de plusieurs méthodes combinées en fonction de la situation. [N.P.]

En France, La Bernache du Canada est classée nuisible selon l'arrêté du 8 juillet 2013 (JO du 14 juillet) pour une période allant jusqu'au 30 juin 2014 et est désormais chassable du 15 août au 1er mars. .

Nous recommandons l'excellent site édité par la Région Wallonne à toutes personnes intéressées par ces matières : http//:biodiversité.wallonie.be. De l'info, des photos.... que du bonheur...


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